adresse et remerciements Petits Lieux

Réflexions diverses

Décembre 1996: l'éditorial de Suzanne Ferry

Curieux, sceptique, angoissé?

Trois façons d'aborder l'an neuf. Pour nous, le meilleur mélange: être amoureux et «humoureux»…

Attentif aussi. Au plus fort des événements tragiques en août, une phrase essentielle entendue à la RTBF- «Tout le mal qui se fait dans le monde provient d'un défaut d'attention.» A méditer.«»

Ce qui ne nous empêche pas de vous souhaiter une bonne année, une bonne santé et beaucoup d'émotions et d'heures souriantes, dont certaines passées au Cabaret aux Chansons, peut-être.

L'Union européenne en quelques lignes

L'Union Européenne regroupe 15 pays et conserve Bruxelles comme Capitale de l'Europe. C'est ainsi que la Belgique est un centre important autour duquel s'assemblent les nations suivantes: l'Allemagne, l'Angleterre, l'Autriche, le Danemark, l'Espagne (et les Iles Canaries), la France (et la Corse, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et l'île de la Réunion), la Finlande, la Grèce, la Hollande, l'Irlande, l'Italie (et la Sicile et la Sardaigne), le Luxembourg, le Portugal (et les Açores), la Suède.

L'ensemble de ces Etats forme une Union de paix, de liberté et de solidarité qui compte 370 millions de citoyens (dont beaucoup sont attentifs à notre développement artistique général).

Bruxelles partage avec Strasbourg la présence du Parlement Européen (adresse à Bruxelles: 97-100, rue Belliard, B-1040, Tél. (02) 284.21.11) qui y déroule une partie de ses sessions parlementaires. Notre ville compte aussi d'autres institutions importantes dont le Comité Econornique et Social (2, rue Ravenstein, B-1000, Tél. (02) 546.90. 1 1), le Comité des Régions (79, rue Belliard, B-1040, Tél. (02) 546.22.11), la Commission Européenne (200, rue de la Loi, B-1040, Tél. (02) 299.11.11) et le Conseil de l'Union Européenne (175, rue de la Loi, B-1040, Tél. (02) 285.61.11).

Nous restons donc au coeur de pouvoirs décisionnaires qui, souhaitons-le, à côté des options économiques et sociales, n'oublient pas que nos valeurs culturelles s'unissent également et que des endroits comme le Cabaret aux Chansons sont aujourd'hui un réel tremplin international mis au service des meilleurs talents à découvrir dans la communauté.

Chronologiethème

Janvier 2000: l'éditorial de Suzanne Ferry

Bruxelles est désignée comme capitale culturelle de l'an 2000 avec huit autres villes d'Europe (Avignon, Bergen, Bologne, Cracovie, Helsinki, Prague, Reykjavik et Saint-Jacques de Compostelle). L'occasion de mobiliser plus que jamais la créativité des chanteurs, l'occasion peut-être aussi de rappeler aux autorités compétentes l'importance de la chanson dans la culture.

Amicalement vôtre!

Monique, depuis deux mois, ne courait plus du bar à la scène et de la scène au bar. Rassurez-vous, elle reviendra bientôt, le péroné ressoudé. Bon anniversaire, Monique, et un tout grand merci pour ton aide précieuse et ta perpétuelle bonne humeur.

Aphorismes littéraires

  • Il faut, disait Colette, écrire avec les mots de tout le monde, mais comme personne
  • Cyrano: un poête à qui un autre poête tira les vers du nez.
  • Madame de Sévigné: dame qui avait des lettres mais qui ne savait pas les garder pour elle.
  • Rodrigue: Cid classé
  • Sacha Guitry: homme de théâtre qui eut un faible pour le côté cour.
  • George Sand: grande amoureuse grâce à qui Frédéric eut le bonjour d'Alfred.

(Extrait du Dictionnaire du Français-Rosse de Noctuel)

De 19… à 20…

Nous avions réuni divers éléments pour vous parler du troisième millénaire et des polémiques qu'il suscite au niveau du calendrier. Basculons-nous en ce moment dans le troisième ou continuerons-nous à peaufiner le second pendant un an encore? On en a tant parlé déjà et, le jour même où notre papier était fin prêt, l'excellente émission matinale de la première (RTBF) a fait largement écho au sujet, repris en choeur par le journal TV du soir.

Plus le temps de changer nos batteries: notre programme doit sortir dans quelques jours. Voici notre petite bafouille à peu près telle que prévu.

Donc, tout le monde est d'accord: la notion zéro était inconnue quand fut élaboré au Moyen Age le calendrier Grégorien, le premier siècle correspond au chiffre un. Le millénaire n'est donc pas terminé, pas plus que le siècle, d'ailleurs.

Zut, zut et rezut! Alors que toutes les plumes, bics, crayons ainsi que les ordis sont au garde à vous pour changer, en grandes pompes, le 1 en 2, les trois 9 en 0, Cela dit, vu l'approximation des dates et le côté arbitraire dans toute démarche dans la planification du temps, n'est-ce pas en effet le côté le plus visible qui importe, c'est-à-dire le changement de ces quatre chiffres?

D'autre part, le Christ est-il né il y a juste 1999 ans ou 2000 ans… ou cinq ans ans plus tôt? Le Robert 2 nous dit: «Denys le Petit, canoniste et écrivain en activité à Rome vers 500-545 a fait une erreur dans sa computation de la naissance de Jésus, qui aboutit à fixer le début de l'ère chrétienne avec un décalage de quatre ou cinq ans par rapport à la date supposée réelle.»

Ceci nous donne une certaine légèreté, une distance vis-à-vis d'un événement qui peut être une source d'angoisse. On ne tranche plus de manière aussi incisive dans le fil du temps. Il n'y aura pas de façon aussi percutant «l'avant 2000» et «l'après 2000.» N'est-ce pas ce que les hommes recherchent inconsciemment dans cette polémique?

Et cette réaction tout à fait inattendue de ne pas avoir envie de fêter le réveillon comme d'habitude pour beaucoup d'entre nous (à l'encontre de toutes les prévisions) ne fait-elle pas partie de ce même processus inconscient?

Nous laisserons, unez fois de plus, le mot de la fin à un artiste (Didi, dessinateur et poête à Redu), Il imagine une horloge où la petite aiguille s'est fait la malle. Quand on lui demande l'heure, il répond: «Oh, vous savez, ça change tout le temps, l'aiguille est sans doute dans le tournant, mais croyez-moi, il est toujours l'heure d'être bien.»

C'est ce que nous vous souhaitons du fond du coeur pour ce nouveau millénaire… à moins que ce ne soit pour terminer l'ancien.

Principaux calendriers du monde

Les calendriers sont fondés sur des considérations astronomiques. Le mois est l'intervalle de temps approximatif entre deux nouvelles lunes. L'année est l'intervalle approximatif entre deux passages consécutifs du soleil à l'équinoxe du printemps.

Le calendrier Julien est, globalement, conforme au calendrier réformé par Jules César. Il a été en usage dans la plupart des pays d'Europe jusqu'au 16° siècle. Remplacé par le calendrier Grégorien, il règle encore les fêtes orthodoxes.

  • Le calendrier Grégorien. Créé par le pape Grégoire XIII pour corriger le calendrier Julien au moment de la réforme, il ne diffère que par l'ajout d'une année bissextile tous les quatre ans.
  • Le calendrier Copte, toujours en usage en Egypte, comporte 12 mois de 30 jours + 5 jours additionnels pendant 3 ans et 6 jours complémentaires la 4° année.
  • Le calendrier Musulman, adopté vers 632 après J-C. L'ère musulmane commence le 16-7-622. Il comporte 19 années de 354 jours et 11 de 355 jours.
  • Le calendrier Israëlite, dans sa forme actuelle, remonte au 4° millénaire avant J-C. Début: le 7,10,-3760 (Julien), Il alterne 12 années de 12 mois et 7 années de 13 mois.
  • Le calendrier Républicain, de septembre 1792 à septembre 1793, On en retient surtout les noms poétiques des mois, proposés par Fabre d'Eglantine.
  • Le calendrier Indien. Officiellement appliqué depuis le 22.3.1957, Les mois (de 30 jours) commencent aux environs du 22 chez nous.

Suzanne Ferry

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Mai 2001: l'éditorial de Suzanne Ferry

Un lustre!

Le 25 mars, nous avons fêté les cinq printemps du 22bis. Que d'amitié, que de rencontres. Ce qui nous donne le plus de joie? Cette impression que c'était votre fête, que vous étiez chez vous et pas en visite. Cet endroit est le vôtre et tous ceux qui nous ont donné un petit instant de leur talent nous ont comblés.

A tous, merci!

Merci aussi, en cette fin de saison, à Monique et à Pierre pour leur dévouement inlassable au service du bar et quel plaisir de les voir passer du bar à la scène avec les talents de chanteuse pour l'une, de pianiste pour l'autre, tellement appréciés du public.

«Etonnant de s'apercevoir que la chanson à texte manifeste avec autant de vigueur au sein d'une génération que l'on pointe du doigt et dont on dit qu'elle est sans culture, sans conscience politique, voire déconnectée.» (Luc Nolet)

Quelle que soit votre formule vacances, nous vous les souhaitons douces ou pimentées, enivrantes ou sereines, comme il vous plaira.

Non pas la justice… la justesse1

Commençons par la définition du Petit Robert. Justice: Juste appréciation, reconnaissance et respect des droits et des mérites de chacun.

La justice est une vertu cardinale.

Vertu (même dico): énergie morale, force d'âme. Dans son Petit Traité des Grandes Vertus, André Comte-Sponville nous rappelle que, des quatre vertus cardinales, la justice est la seule qui soit bonne absolument (nous ne parlons évidemment pas de ce qu'en font les hommes). La tempérance, la prudence et le courage ne sont vertus qu'au service du bien.

Tout ceci nous semble bien cartésien. Pardon, ô René, grand héros des sciences et des lettres du XVIle, n'as-tu pas oublié l'émotion, perturbatrice, «invasive», mais aussi, heureusement, pourvoyeuse d'une autre clairvoyance. «L'émotion, nous dit-on, c'est la vie, le sel et le levain de notre existence. Et vous dites qu'elle nous nuit? Mais si elle n'est pas, vivons-nous? Elle ne saurait être ni médiane ni médiocre puisque seul l'excès l'habite et nous emporte. S'agit-il d'être emporté par le courant ou de nager avec le courant?»2.

Voilà qui complique tout dans notre recherche du bonheur malgré l'évidence de sa nécessité: une vie sans émotion, c'est plat comme l'électrocardiogramme de la mort.

Un petit texte nous est tombé dessus, qui constitue sans doute un moyen terme entre justice et émotion.

Justesse… sans plus3

Par chance, nul n'est sensé être parfait. L'énergie que nous n'employons pas à entretenir cette illusion de perfection, à répondre à cette exigence tyrannique, nous permet de nous dégager d'un JE toujours en quête de superbe… L'autre devient possible.

Il n'est pas attendu non plus d'être parfaitement nul ni de se vautrer dans le n'importe quoi, le n'importe comment, mais d'interroger nos façons de rencontrer l'exigence, de nous confronter à la consigne. Nous avons si souvent espéré que nos bien-faire, même totalement insupportables, nous vaudraient reconnaissance et amour. Nous avons si souvent oscillé entre soumission et contestation systématique.

La perfection est toujours conditionnée par un modèle qui s'érige en norme. Mais les lois, les principes, les règles n'ont de sens qu'au regard de la vie qu'ils suscitent et ne valent qu'en fonction de notre capacité, à travers eux, de nous laisser toucher par le juste.

Chaque attention portée à nos actions est occasion de convoquer la justesse, mais filer vers un mode opératoire exclusivement centré sur le comment faire fonctionner c'est risquer de s'éloigner de soi, de passer à côté des autres.

Lorsque, du mieux que nous pouvons, nous faisons, c'est ce que nous sommes, c'est ce que tu es à ce moment qui m'importe le plus. Et par chance, nul n'est sensé être parfait.»

«Alors, que le rire ensemble, l'emporte sur nos regrets solitaires» comme le suggère - si justement - Ph. Julien.

1. Titre emprunté à Louis Scutenaire
2. Denise Desjardins, Petit Traité de l'émotion
3. Philippe Beumier

«Ne pouvant fortifier la Justice, on a justifié la force» (Pascal).

«Juger, c'est ne pas comprendre, car si l'on comprenait, on ne jugerait pas» (Malraux).

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Janvier 2002: l'éditorial de Suzanne Ferry

Nous avons toujours tenu à la gratuité de nos spectacles, même si nous sommes probablement un des «petits lieux» les moins subsidiés. Il nous faut maintenant, soit demander une petite participation aux frais (3,00 Euros) ou faire passer le chapeau et ce, d'autant plus que nous avons beaucoup de demandes de jeunes groupes (3, 4, 5 ou 6 artistes). Merci de votre compréhension.

Pour ceux qui l'ignorent encore, le bretzel est un petit pain très friable, souvent en forme de ruban circulaire. Il paraîtrait qu'il est moins dangereux qu'on ne croit pour tous ceux qui ont la conscience tranquille.

Conseil du mois: si les calculs de décimales qu'impose l'euro te rendent fou, consulte sans tarder un europsychiatre

La Mondialisation

Le terme ne se trouvait pas encore dans le Larousse de 1980. Le Robert, en 1979, le définit uniquement comme «répandu dans le monde entier.»

André Fourçans (La mondialisation racontée à ma fille) souligne qu'elle est sur tous les chemins, où qu'ils aillent et serpentent. Où nous conduit-elle? Comment la réguler? Les utopistes voudraient qu'elle conduise à une meilleure répartition des richesses. Hélas, hélas, on se demande plutôt si les multinationales et les marchés n'ont pas pris le pouvoir, définitivement, reléguant nos Etats au rayon accessoires.

Dans un article du Bulletin de l'Institut de la Vie1 dont nous tirons ici de très larges extraits, Pascal Baute nous le confirme: «L'humanité, en fin de siècle, a vu le pouvoir du politique se réduire comme peau de chagrin devant celui du Capital et des marchés. De grands groupes privés saccagent l'environnement à leur seul profit avec des moyens démesurés, sans scrupules, avec, en conséquence, le réchauffement de la planète, la désertification, la pollution, la famine, les épidémies (SIDA, Creutzfeld-Jacob, Ebola.»

Plus rien n'est respecté, méme pas le génome humain. Tout a un prix, est bien de consommation. Ce marchandisage des choses, des personnes, de la culture, provoque une montée des inégalités. On vaut ce que l'on peut produire et ce que l'on consomme… Dramatique échelle de valeurs Jamais on n'a produit autant de richesses de par le monde; pourtant, la misère augmente.

Quarante années de post-colonisation n'ont fait qu'accroître les différences d'où le flux ininterrompu des immigrés cherchant une vie meilleure en occident avec, comme conséquence, la xénophobie, l'exclusion, l'exploitation sans pitié des plus faibles, en mîme temps que le fossé se creuse entre riches et pauvres dans les pays dits développés.

Le rôle de l'ONU est de plus en plus contesté par la toute-puissance américaine qui, privée de contre-poids soviétique, se voit comme gouvernement mondial.

Sous la pression des Nations Unies et des ONG, l'environnement et le facteur humain doivent être pris en compte dans toutes les politiques de développemnt et notamment vis-à-vis des plus fragiles femmes, enfants, peuples indigènes, communautés rurales.

Mais Fourçans (voir début) dénonce la corruption et de «savoureux» détournements qui font que l'efficacité d'une aide dépend surtout de l'honnêteté et de la compétence de ses dirigeants, d'une administration sérieuse des politiques économiques bien plus que du montant de cette aide à tel ou tel pays.

La démocratie est une culture qui doit s'entretenir. La jeunesse immigrée, nouveau prolétariat qui représente pourtant un sang neuf pour nos pays, est marginalisée, ballottée entre la sous-culture made in USA et l'islam de bazar des intégristes religieux. Face à la mondialisation et aux dérives ultra-libérales, un mouvement citoyen est en train d'émerger au travers d'un mode associatif (ONG) contestataire.

Les ressources pour relever les défis planétaires sont en chacun de nous. il faut que chacun réapprenne à agir en tant qu'être humain véritablement libre. N'oublions pas les accords de Kyoto: les deux nations les plus industrialisées n'ont pas voulu signer.

Les changements climatiques, la sécurité biologique, le panel international des forêts; ne laissons pas ces termes glisser sur nos neurones distraits, attentifs aux seuls stimuli du quotidien.

1L'institut de la Vie est né d'une vocation internationale en 1960, à Paris, à l'appel de Maurice Marois, biologiste et sous la présidence de Jean Rostand († 1977). L'institut de la Vie, asbl de droit belge, fut créée en 1971.

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Mars 2002: l'éditorial de Suzanne Ferry

Porto Alegre, l'autre mondialisation.

Bien sûr, cette rencontre de Porto Alegre dans l'état de Rio Grande (31-1 au 5-2) ne passa pas inaperçue. Même les plus distraits se souviendront du refus fait à Guy, notre Premier, qui voulait jouer à saute-mouton entre New York et le Brésil. Signe d'un souci d'ouverture pluraliste? Di Rupo, lui, a choisi le Sud d'emblée. mais là n'est pas notre propos*.

La mondialisation, quel terme idyllique s'il s'agissait de mettre les richesses du monde d'avantage en commun afin de se les partager avec fair play et bonne humeur suivant désirs et besoins raisonnables de chacun. Arrêtez de rêver, Gertrude!

Alors, parlons des différents objectifs. D'un côté, un forum économique, un millier de «global leaders» craignant le Davos des Grisons et des manifs et qui «s'exilent» à New York pour leur trente-deuxième rencontre. De l'autre, à Porto Alegre, 50.000 militants pour un forum social qui est né voici juste un an d'un défi lancé par une poignée d'inconnus. Après la violence des manifestations à Goteborg et à Gènes, il fallait proposer quelque chose d'autrement positif afin d'etouffer dans l'oeuf cet amalgame vite fait: terrorisme, antiaméricanisme, mondialisation, même combat. Après avoir fait trembler les grands sommets, le mouvement doit surtout faire la preuve qu'il peut aussi proposer un autre monde.

Quel fut le contenu du forum social? On y débattit entre autre de la crise de la dette et du secret bancaire, de l'agrobusiness et des profits de la faim, des sans-papiers, de la guerre contre le terrorisme. Mais l'accent fut mis avant tout sur la communication. Il y eut donc un séminaire consacré à l'appropriation et au contrôle par la société civile des technologies de l'information. Internet est un outil précieux mais qui peut aussi tomber sous le contrôle et même sous propriété. C'est donc sur ce terrain que la lutte est la plus ouverte.

Quelles sont les principales propositions? Parmi les 26 thèmes de débat, relevons:

  • La taxation des flux de capitaux.
  • La suppression des paradis fiscaux.
  • L'annulation de la dette des pays en voie de développement.
  • La réorganisation de la production agricole.
  • La réforme des démocraties.
  • La définition d'un nouveau système de gouvernement mondial.

La jeunesse redécouvre l'engagement politique à travers les nombreux mouvements créés en réaction à la mondialisation. Peu avant le sommet de Laeken (décembre 2001), la coalition «notre monde n'est pas à vendre» regroupant 60 mouvements d'un peu partout s'est retrouvée dans le secret d'un couvent aux portes de la capitale, définissant le prochain programme des actions contre l'OMC qui regroupe 142 pays, organisant de leur côté les prochaines étapes da libération du commerce mondial.

Il n'y a pas de temps à perdre.

Tant de choses restent à comprendre. Nous essayerons prochainement de dire un mot du sociologue Piere Bourdieu disparu la veille de la rencontre de Porto Alegre où fut lu, le premier soir, le «Message de soutien» qu'il avait envoyé. En regard, nous essayerons d'en savoir davantage sur l'action du prêtre belge François Houtard, une figure de la contestation et sur son FORUM MONDIAL DES ALTERNATIVES.

* Plusieurs communes du Centre, et surtout celle de Mons, ont introduit le «Budget participatif» suivant l'exemple de la ville de Porto Alegre.

Cet article est composé à partir des différents comptes rendus dans Le Monde et Le Soir.

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Janvier 2004: l'éditorial de Suzanne Ferry

De la curiosité
De l'étonnement
De la tendresse
Du dynamisme à revendre
Et ce petit quelque chose de plus
pour vous séduire et titiller vos neurones
Voilà ce que nous vous souhaitons
avec nos vœux de bonheur et de bonne santé
    Et des chansons… des chansons… des chansons…?

Nous vous annonçons dès maintenant, pour les 26 et 27 mars, le concert d'Olivier Runel (qui n'est autre que le frère de Marie-Paule Belle), auteur, compositeur, artiste attachant aux chansons de tendresse et de nostalgie. Vous pouvez réserver dès à présent.

Claude Burton (voir 30 janvier) a écrit une pièce qu'il est en train de monter, librement inspirée du film L'Ange Bleu, spectacle original qui se donnera au Centre Bruegel, 247 rue Haute du 8 au 15 mai. Il nous semblait important de vous transmettre l'information. Vous pouvez déjà réserver au n° 02. 660 95 23.

D'ici la fin janvier, nous vous promettons de mettre notre site à jour. Pour vos réservations, faites confiance à notre répondeur téléphonique ou à notre adresse e-mail (voir 1e page.)

Le trou noir - Tout est langage - (Françoise Dolto)

Il était une fois… un petit garçon qui s'appelait Robert. Il avait un peu plus de trois ans, l'âge des premiers souvenirs. Son père était machiniste et avait un amour profond pour son métier. Sa mère était culottière. La machine à coudre trônait en permanence au milieu de la cuisine. Nous sommes en 1907. La vie est dure dans ce village charbonnier du Borinage. Pourtant, à force de labeur et d'économie, les parents décident de bâtir. "Nous allons voir notre nouvelle maison", disent-ils un jour aux enfants. Nouvelle, voilà un mot qui sied aux petits, met leur imagination en éveil, propulse les petites jambes l'une devant l'autre avec fébrilité. Après un dédale de quelques rues, ils s'arrêtent enfin – devant un énorme trou noir de terre et de boue – les fondations. Notre petit bout n'en revient pas: on va habiter dans un trou ! Pour peu que le soir tombe, imaginons la profonde angoisse qui le saisit.

Et le papa d'expliquer: là-bas, ce sera la cuisine, à droite, la cour, ici, l'entrée et derrière le trou, le jardin pour jouer. Notre petit bonhomme se représente la machine à coudre s'enfonçant dans la boue, l'échelle faite de planches et de clous qu'il faudra remonter pour aller au jardin ou dans la rue. Et que dire de la pluie? Va-t-on mettre des planches au-dessus de nos têtes? Pour les parents, c'est l'évidence, ils ne pensent pas à expliquer les étapes de la construction. Ils n'imaginent pas ce que ressent l'enfant et pourquoi il ne pourra s'endormir ce soir-là. Cette panique, qui dura le temps que les maçons mirent à monter les murs, Robert s'en souviendra toute sa vie.

L'importance des paroles dites aux enfants ou devant eux, l'attention portée aux faits anodins ou graves, générateurs d'angoisse, la psychiatre et psychanalyste Françoise Dolto (1908-1988) l'a soulignée tout au long de sa carrière. Dès son enfance, elle s'est sentie la vocation de "médecin d'éducation". C'est pour cela qu'elle entreprend des études de médecine en dépit de l'hostilité de la famille. Elle mène son analyse avec R. Laforgue, rencontre Lacan, entre dans l'école Freudienne, mais ne se sent liée à aucune doctrine. Sa vie entière fut consacrée à ce qu'elle appelle la cause des enfants. Au début, elle voulait venir en aide aux parents et éducateurs dans leur tâche, s'imaginant qu'aide et compréhension des adultes favoriseraient tout naturellement le mieux être de l'enfant. Bien vite, elle fut amenée à rencontrer les enfants en difficulté psychologique, en dérapage scolaire. Accordant beaucoup d'importance à la "méthode", elle forge la sienne, faite (aux dires de son entourage) de générosité, d'une confiance inébranlable envers les enfants, alliant une énorme intuition aux connaissances instinctives de l'enfance.

Quand elle recevait un enfant, elle lui demandait d'abord: Qu'est-ce qui ne va pas dans ton "dedans", et l'enfant racontait ou ne racontait pas. Il fallait parfois astuce et patience pour qu'il "lâche" enfin à la 3e ou 4e séance la boule qui le paralysait, le conduisait à la régression, le menait à un négativisme relationnel.

Quels domaines Françoise n'a-t-elle abordés depuis les problèmes "pipi-caca" souvent créés par des parents inquiets. "Les mères élèvent leur enfant en les culpabilisant de ne pas être continents avant qu'ils n'en soient capables neurologiquement." Avant, on ne s'en préoccupait pas et tout se faisait normalement. Et pour la nourriture, c'est pareil. "Est-ce qu'il a bien mangé?" Question angoissée. C'était le plus grand plaisir de l'enfant à l'époque fusionnelle avec la mère, mais cela ne doit pas durer. Des enfants refusent de manger parce que la mère désire trop qu'ils mangent. S'ils continuent à satisfaire le désir de leur mère, ils peuvent devenir pervers. Dur à admettre.

Françoise nous confie que certains mettaient l'index sur la tempe avec un quart de tour en parlant d'elle. Mais le plus important est le comportement des adultes en cas d'événements graves (deuil, rupture.) L'enfant a besoin de la vérité; il y a droit. Celle-ci est souvent douloureuse à entendre, mais dite, elle permet à l'enfant de se construire, de s'humaniser. L'être humain est avant tout être de langage. Le langage exprime le désir souvent inconscient de rencontrer l'autre. Comparé au silence, le langage parlé, même s'il fausse parfois la vérité du message (à dessein ou non), est toujours vitalisant pour l'enfant en développement… Voici encore une chose très importante à savoir. C'est que l'enfant ne sait pas qu'il est un enfant; il est un reflet de la personne avec laquelle il est un interlocuteur. Il s'imagine dans une activité qui le valorise et qui soutient son "allant-devenant grand." - Merci Françoise.

P.-S. Vous ai-je dit que l'histoire de Robert est celle de mon père? Il avait 80 ans quand il me l'a racontée.

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Novembre 2004: l'éditorial de Suzanne Ferry

De l'ignorance à la certitude? La contamination

A la radio ce matin, on nous parla de ces deux pleines poignées de ministres européens dont l'analyse de sang a révélé la présence de 18 à 25 produits chimiques divers ! D'où viennent ces substances ? Déchets d'usines, pesticides, résidus dans l'alimentation, insecticides ? La liste est longue.

Au nord de Haïfa, pour ne prendre que l'exemple qui nous tombe sous les yeux, le Kishon - qui se jette dans la Méditerranée - est un cocktail de plomb, de mercure, de cadmium, de détergents, chlore et autre ammoniaque. L'armée y faisait ses exercices de plongée jusqu'en 2000. Au moins 120 soldats développent aujourd'hui un cancer, ainsi qu'on déplore un pourcentage anormalement atteint de pêcheurs (1 sur 5). Croyons-nous qu'il y ait un endroit privilégié où le risque soit nul ? Et ce sont souvent ceux qu'atteignent les privations, la guerre et les conséquences imprévisibles de celle-ci qui sont atteints. Ecoutons plutôt : l'information ne date pas d'aujourd'hui. Cela s'est passé à 18 km au sud-ouest de Bagdad, dans un site nucléaire important autrefois sous contrôle de l'AIEN (Agence Internationale de l'Energie Nucléaire). Ce site, qui se trouve à proximité d'un quartier particulièrement pauvre, a été pillé l'an dernier de fond en comble ; la population savait-elle ou pas ce qu'il contenait de dangereux ? Ordinateurs, meubles, récipients divers (il faut stocker l'eau quelque part depuis que les pompes sont endommagées). Or, des fûts ayant contenu des matières radioactives se retrouvèrent dans les chaumières. Greenpeace, qui a mené l'enquête, rapporte la preuve que des gens se sont emparés de tas d'éléments ayant contenu des substances hautement problématiques.

A proximité d'une école où fut concentré le matériel «récupéré», l'analyse révéla une radioactivité de 3 000 à 10 000 fois supérieure à la norme. Le reporter Philippe Reynaers souligne que «la mission de Greenpeace a été de donner l'alerte et de dénoncer l'impact environnemental d'un conflit qui est aussi source de bien des détresses humaines». Non, ce n'est pas jouer les mauvaises langues que de fourrager dans le récent passé des forces d'occupation US qui se sont préoccupées prioritairement de la sécurisation des puits de pétrole et n'ont pas protégé correctement la population.

Dans un premier temps, les Américains ont voulu récupérer le matériel, se confrontant au mutisme des gens - on ne se reconnaît pas aisément voleur - et puis ils préféraient garder leur butin, bien que bouleversés par les révélations. Ils refusèrent même les 3 dollars qu'on leur proposait par baril récupéré - ils en valaient 15. Finalement, on échangea les bidons potentiellement contaminés contre d'autres, flambant neufs. Les troupes chargées de la surveillance du site se montrèrent visiblement soulagées par les révélations de Greenpeace, convaincues du problème et ayant les éléments pour convaincre ensuite leur hiérarchie.

Quoi qu'il en soit, on déplora très vite les premiers malaises parmi la population. L'avenir nous dira - ou pas - s'ils sont imputables à la radioactivité. Comme le constate Philippe Reynaers, «Les pathologies observées se confondent parfois avec celles plus directement liées aux privations dues au conflit».

Voilà des armes terribles, Monsieur Bush, et celles-ci ne font pas (encore) partie des armes de destruction massive !!!

Chronologiethème

Janvier 2005: l'éditorial de Suzanne Ferry

Pour un futur «éco-réfléchi»?

Bien qu'il s'agisse d'une catastrophe naturelle et non d'une réaction due à la pollution, devant l'ampleur sans précédent des événements que nous venons de vivre en Asie, beaucoup se demanderont si l'attitude et les habitudes de l'homme n'ont pas un peu déstabilisé quelque chose d'essentiel à la survie. Mais ce n'est nullement de notre compétence! Par contre, il semble que pour les petites choses de la vie comme pour les grandes options, face à l'optimisme béat et au pessimisme névrosé, l'espérance et la volonté d'agir et de réagir restent de mise.

Il est rassurant de constater que l'on vit davantage l'esprit «éco-réfléchi». Beaucoup y travaillent de par le monde. C'est loin d'être l'affaire d'une poignée de rêveurs ou d'illuminés. Des résultats concrets se pointent ici et là.

A contre-courant de la grisaille médiatique, nous avons glané un bouquet d'actualités positives, principalement dans le magazine Greenpeace et la brochure Agenda+. Et comme «une attentive attitude nourrit ce sur quoi elle se pose, en choisissant de regarder ce genre d'infos, nous alimentons le vent du changement qui souffle à l'orée des consciences».

** En Allemagne, le potentiel géothermique pourrait couvrir, paraît-il, 600 fois les besoins en électricité. Le Ministère de la Recherche a débloqué d'importants crédits pour améliorer le processus d'extraction de la chaleur géothermique.

** Depuis avril 2004, Joan Clos, le maire de Barcelone, a interdit les corridas dans sa ville.

** Au Sri Lanka, une usine (que nous espérons épargnée) se spécialise dans la fabrication de papier recyclé à base - à 75% - de crottin d'éléphant: 2 tonnes de déjections sont traitées par jour? On certifie que le papier est désodorisé.

** Le nucléaire est malade. On pourrait s'en réjouir pleinement s'il n'était source d'inquiétude, face à l'expérience de Tchernobyl. On peut débattre en tout cas sur l'absurdité de vouloir investir dans un dangereux rafistolage des vieilles centrales: 82 millions d'euros ont été votés pour prolonger de 10 ans la centrale de Doel, avec en toile de fond l'accumulation des déchets toxiques. En un temps où s'intensifie la perspective des énergies renou-velables, le choix devient urgent. N'est-ce pas une occasion de plus de saisir une perche tendue vers le changement?

** Cocorico: la Belgique est le premier pays votant une taxe sur les opérations financières, ce qui a pour effet de réduire la spéculation et les ravages économiques et sociaux qui en résultent au profit des investissements propices au développement.

** Le protocole de Kyoto - seul accord international contraignant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre - réunit 125 pays en route vers un objectif commun: économie d'énergie et emploi d'énergies renouvelables. C'est loin d'être un scoop, mais bon, c'est bien de se le rappeler.

** Les ordinateurs virent au vert. Combien d'ordinateurs avez-vous déjà mis au rebut? Que sont-ils devenus? L'Europe s'en préoccupe. Des directives imposeront dès août 2005 le recyclage total des vieux ordinateurs. Dans une deuxième étape, dès juillet 2006, écrans, processeurs, claviers devront être conçus pour être facilement démontables et exempts d'une série de composants nuisibles à l'environnement.

** Kohei Minato: ça vous dit quelque chose? Il s'agit d'un des plus anciens chercheurs (Japonais) en énergie libre. Il est parvenu depuis peu à commercialiser le premier moteur «surunitaire». A puissance égale, les moteurs Minato ne consomment que 20% de l'énergie nécessaire aux moteurs conventionnels. «Surunitaire» signifie qu'ils génèrent plus d'énergie qu'il n'en faut pour les faire fonctionner. Et l'on se demande si ce ne serait pas suffisant pour faire basculer l'économie mondiale par contagion positive.

On ne peut s'empêcher de penser qu'il faut rester vigilants cependant vis-à-vis des géants gloutons qui s'en inquiéteraient: ils ont plus d'un tour dans leur sac?

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Mars/avril 2006: l'éditorial de Suzanne Ferry

Du Sénégal… à l'abbé Pierre

Une semaine au Sénégal? Quel régal. A la même période que le Paris-Dakar? Oui, mais pour un autre regard!

On pourrait vous proposer quelques images d'Epinal, mais autant vous le dire d'entrée de jeu, vous n'aurez pas droit à la description des ciels d'Afrique au crépuscule, pas plus qu'aux regards d'enfants souriant de toutes leurs dents (il faut faire vite, car les bonbons distribués qui donnent si bonne conscience aux touristes laissent des traces!

Nous étions à 270 km de Dakar, à l'orée d'un village nommé Toubacouta dans le delta de Sine-Saloum bordé de palétuviers. Pas de télé. Le journal le plus récent était celui que nous avions amené de l'avion. Nous sommes hors du temps - loin de la modernité de Dakar. Pas de spectacle à la c.. pour touristes, mais certains soirs de danses africaines par la troupe du village (qui s'est produite en Belgique et a reçu des fonds de la main de l'un de nos ministres pour leur école) troupe composée de 4 filles et 4 garçons dansant jusqu'à la limite de leurs forces physiques pour nous étonner, (et nous le fûmes) accompagnés de djembés endiablés et autres percus.

Nous avons aussi vécu le Tabaski, c'est comme cela qu'ils appellent la fête du mouton qui avait lieu ce jeudi-là. Nous avons vu des milliers et des milliers de moutons parqués sur les 270 km de route, amenés (surtout) par des nomades pour être vendus aux fidèles. Nous avons assisté dès l'aube à l'ultime bain des quadrupèdes ruminants, tondus, grelottant sous la brosse, le savon et l'eau de la mer. Quel concert de bêlements? Et se dire que quelques heures plus tard, ils seront égorgés! Bof, pas d'hypocrisie, on tuait sans doute au même moment - et pas dans de meilleures conditions - le boeuf dont j'apprécierai le steak dès mon retour.

Un jour, je partagerai avec vous cette longue conversation échangée avec notre guide - 25 ans et pas mariée encore.

Tant de vérités non falsifiées sur les peurs, les doutes et les espoirs d'une jeune femme africaine, lucide et musulmane.

Mais ayant découvert cette semaine le dernier livre de l'abbé Pierre «Mon dieu, pourquoi?» (Ed. Plon), je ne résiste pas au désir de vous livrer un des derniers chapitres. Il y parle beaucoup de religion bien sûr, mais avec quelle ouverture, quelle simplicité, quelle autocritique et adéquation aux réalités d'aujourd'hui, tendresse aussi en filigrane. Sorti en décembre 2005, je regrette que ne puisse figurer son avis sur les «caricatures» quand tant de contradictions, de vérités et de bêtises se côtoient sur le sujet actuellement.

Le fanatisme religieux (page 100)

«Je viens de relire une encyclopédie sur 20 siècles de christianisme et j'ai été frappé de découvrir ce qu'ont vraiment été les croisades. L'idée même de croisade, c'est-à-dire de verser du sang pour être propriétaire des lieux de la vie de Jésus, est déjà tout à fait révoltante. Mais utiliser ce prétexte pour tuer des populations civiles et dans le véritable but de dominer et de s'enrichir l'est encore plus.»

«C'est pourquoi je m'interroge sur la «croisade» ce sont ses propres mots, que Georges Bush est en train de mener au Moyen-Orient. Il y a eu tellement de mensonges derrière ses beaux discours sur la volonté d'apporter la liberté et la démocratie, tellement de sang versé chez les civils innocents, tellement de bas calculs politiques et économiques, qu'on ne peut s'empêcher de se dire que l'histoire, hélas, se répète. Fallait-il répondre à la terrible provocation des terroristes d'Al Qaida par une nouvelle croisade? Guérit-on le mal par le mal? Je crains que tout cela n'entraîne le monde dans une nouvelle guerre entre la civilisation chrétienne et la civilisation musulmane - ce que souhaitait Ben Laden -, conflit que l'on aurait parfaitement pu éviter avec plus de sagesse et de retenue.»

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Septembre 2006: l'éditorial de Suzanne Ferry

Ne l'oubliez jamais, celui qui laisse se prolonger une injustice ouvre la voie à la suivante
Willy Brandt

Biennale de la chanson française, cuvée 2006

Cinq grands crus dont un champagne millésimé. Public et jury ne s'y sont pas trompés dans la salle (beaucoup plus adéquate) du Centre culturel de Wolumé-St-Pierre.

Le 1er prix (de la Cocof) revient à Daphné D.
Le 2e prix (de la Communauté française) à Léonie Lob.
Le 3e prix (Cocof) au groupe Mary M.

Daphné D aura également le prix du public, de la Sabam et le prix Studio Climax. Nous avons laissé traîner nos portugaises de la salle au bar en passant par les couloirs glanant moult commentaires.

Mérité le triomphe de Daphné D? Oui.

Des regrets? Oui. Qu'après la proclamation où chacun des cinq lauréats a soulevé l'enthousiasme, on oublie presque la grâce, l'impact de Léonie Lob, l'excellente prestation de Mary M, les chansons "clés" de Jean-Mi et la "solidité" du répertoire de Renzo Gotto.

Quant aux 50 minutes de Vincent Delbushaye, que du bonheur…

Extraits de «Voyage au pays du coton, Petit précis de mondialisation», d'Érik Orsenna

Contrairement aux matières premières fossiles qui s'épuisent, les «cadeaux botaniques» de la terre se renouvellent chaque année par le soleil et l'intervention de l'homme. L'histoire du coton comme celle de toute matière première raconte l'histoire de la planète. Plus d'un millénaire avant Jésus-Christ, des morceaux de cotonnade ont été retrouvés au Pérou et les Espagnols de Cortès se sont extasiés au Mexique devant les vêtements locaux uniques de souplesse et de moelleux. A l'époque, les chrétiens du Nord sont vêtus de laine et de lin. Au sud vers l'Orient, c'est le coton qui habille les Musulmans.

L'Europe se prend de passion pour cette matière. Les importations d'Inde ne suffisent plus. Fin du XVIIe siècle, l'Angleterre vient juste d'inventer machines à filer et à tisser: le coton sera ramené de ses colonies américaines, au sud du 37e parallèle (Caroline, Georgie, etc.). Il manque des bras? Pas de problème, une première mondialisation s'organise. Pauvre Afrique, l'industrialisation ouvre une nouvelle voie à l'esclavage. Tandis que les usines poussent à Manchester, Liverpool sera pour un temps le centre de la traite des noirs. La France, quant à elle, lance sa production dans son empire africain. C'est armé de chicotte que certains coloniaux attisent le «courage» des travailleurs. Le Brésil intensifie sa production.

Cotonniers et usines couvrent la planète dès la fin du XIXe siècle. Le coton n'est pas très exigeant en eau, par contre, il a besoin d'énormément de soleil et de lumière pour fleurir et s'épanouir. Planté sur 35 millions d'hectares dans plus de 90 pays, 4 d'entre eux se partagent 70% de la production (Chine, Etats-Unis, Inde et Pakistan). Des dizaines d'espèces sont cultivées. Mais les insectes eux aussi raffolent du coton. Des entreprises géantes financent la recherche et plus d'un tiers des cotonniers de la planète sont déjà génétiquement modifiés malgré la protestation des écologistes.

Dans son livre, Érik Orsenna nous dit que «le coton est le porc de la botanique.» Tout est bon à prendre, tout est pris. Le plus précieux: les fibres, longs fils blancs qui entourent les graines, sont douces et résistantes à l'humidité, à la transpiration, elles supportent mille lavages et repassages, supportent admirablement la teinture sans la dégorger. Aujourd'hui, la laine et le lin ne représentent plus rien face à la fibre synthétique (60 % du marché mondial). Seul le coton peut s'honorer des 40 % restants pour les vêtements, les compresses médicales, les papiers spécialisés (billets de banque, films photographiques), il entre également dans la composition des laques, soins capillaires, dentifrice, crèmes glacées, sauces bolognaises, saucisses allemandes…

Les graines, généreuses fournissent, à notre insu, une bonne part de notre huile de table sous le vocable «huile végétale». Quant aux tourteaux, ils nourrissent les animaux. Les résidus serviront encore à fabriquer savons, engrais, explosifs (glycérine), fongicides, insecticides, caoutchouc synthétique, certains plastiques. Enfin, après la récolte, tiges et branches deviennent litières d'animaux ou remplacent les combustibles des paysans.

Plusieurs centaines de millions d'hommes et de femmes sur tous les continents s'occupent du coton. Voilà pourquoi pour comprendre les mondialisations d'hier et d'aujourd'hui, Erik Orsena a décidé de suivre les chemins du coton dans une longue enquête autour du monde dont les résultats, dit-il, ont dépassé ses espérances, passant par la Chine, le Mali, le Texas, le Brésil, les Vosges françaises, et j'en passe…

«Savez-vous» nous dit-il, «que vers 1620 à Mexico, capitale de la Nouvelle Espagne, la colère ne cessait de gronder? Une forte communauté chinoise venait de s'installer et offrait des vêtements à bas prix qui ruinaient la concurrence.»

Nous vous inviterons à suivre son voyage quand nous aurons terminé la lecture de son «petit précis de mondialisation» sorti cette année, et dont sont extraites ces informations.

Certaines pages sont certes quelque peu ardues mais ne manquent jamais d'intérêt ni de découvertes…

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Novembre/Décembre 2006: l'éditorial de Suzanne Ferry

Les légumes ont la cote: d'une émission passée sur A2, nous retiendrons qu'outre les bienfaits dont nous gratifie la consommation régulière des primeurs, cucurbitacées et autres plantes potagères, nous apprenons que presque tous sont aphrodisiaques. Je n'en veux pour preuve que ce petit poème d'une gente dame du Moyen Age où il est question d'artichauts:
  Mange-les, toi que mon coeur aime,
  Ils me feront plus de bien
  qu'en les mangeant moi-même.

Avis aux distraits: nous pourrons bientôt ouvrir une brocante au Cabaret (parapluies, écharpes et vestes) qui restent à votre disposition.

Sans la musique, la vie serait une erreur - Friedrich Nietzsche

Extrait de "Voyage au pays du coton" (2), Eric Orsenna

Le voyage dans chaque région du monde productrice de coton qu'a fait l'auteur avant d'écrire son «petit précis» l'a renseigné d'une manière objective et pointue. Comme il le dit lui-même, «un tour du monde attise en soi le goût de la différence, enseigne la relativité, nourrit le scepticisme», ce qui ne simplifie rien mais impose aussi quelques convictions dont celle de «malfaisante fausseté» dont il déboute trois idées.

  1. Celle selon laquelle il existerait un juste prix du coton. Les données sont tellement différentes d'une région à l'autre. En Afrique, par exemple, le commerce équitable accepte l'idée de payer le coton plus cher pour un salaire de l'ouvrier plus juste. Quant au travail des enfants, d'un côté on s'attendrit sur «la solidarité familiale africaine» et de l'autre, on dénonce les corvées ouzbeks où, en période de récolte, les jeunes de 10 à 25 ans sont dans les champs 12 h par jour, s'arrachant les doigts pour un salaire symbolique de quatre centimes d'euro le kilo.
  2. Orsenna dénonce également cette loi des 35 heures de la fin du XXe siècle en France, accueillie comme une bizarrerie en même temps qu'une aubaine par les pays concurrents, considérant que la mondialisation impose plutôt de travailler davantage.
  3. Il dénonce enfin une autre illusion: «Il suffit de produire, l'acheteur s'en contentera». A quelques exceptions près (dont la situation de monopole), l'économie est dominée par ceux qui demandent et non ceux qui offrent. «La concurrence est à l'économie ce que la démocratie est à la politique: loi morale et progrès. Mais seul le Brésil joue le jeu pur et dur de l'offre et de la demande, les autres pays visités «s'arrangent» par des subventions ouvertes ou déguisées, des manipulations monétaires, des contrats préférentiels. Par contre, comment peut lutter le Mali qui ne possède aucune de ces armes interdites?

Eric Orsenna n'hésite pas à dénoncer l'Etat Providence américain, le démantèlement du kolkhoze d'état en Ouzbékistan, la réforme agraire égyptienne (depuis Nasser) qui continue d'interdire la propriété assez vaste pour être rentable ainsi que l'Etat maximal à la chinoise où, sous peinture obstinément rouge, le totalitarisme politique est au service du capitalisme économique.

De page en page, on découvre des flashs étonnants: comment Brasilia naquit d'un rêve révélation de Jean Bosco, prêtre salésien né à Turin, et aussi cette interview paradoxale d'un professeur, ancien hippie: Neale Stewart savant réputé en génétique botanique qui démontre la performance bientôt réalisable de lutter contre les mines antipersonnel à partir de gènes de méduse et de poudre explosive (sic) mais N. Stewart est aussi partisan de contrats obligatoirement signés par les paysans qui doivent s'engager à n'utiliser les semences génétiquement modifiées qu'une seule fois et réfute l'un après l'autre tous les arguments de la vieille Europe.

«Libre au paysan de revenir au Moyen Âge et de se ruiner en désherbants et insecticides». On sent qu'Orsenna croit en la valeur du travail, profondément, et cherche des réponses au milieu des paradoxes: que vaut-il mieux? «Acheter plus cher avec son salaire ou acheter au plus bas avec ses indemnités de chômeur? Sans en prendre conscience, le consommateur s'allie à l'actionnaire pour étrangler le producteur.»

Un euro le jean! Comment ne pas prendre cette annonce pour ce qu'elle est: une insulte au travail! Ainsi va l'espèce humaine de nos pays développés. Elle vitupère la mondialisation et se précipite dans ses temples: les hypers, les mégas et autres mousquetaires du commerce à prix cassés.

Si les belles initiatives du commerce équitable achètent à faible coût de la bonne conscience, l'économie ne perdra rien de sa violence. Mais la recherche de l'équitable peut permettre de mieux connaître la réalité de la filière. Alors, le but est atteint: une conscience commence à grandir. Relayée par les ONG, elle pèse de plus en plus sur les négociations interétatiques.

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Avril 2007: l'éditorial de Suzanne Ferry

C'est dimanche et il est 8 heures du mat', mon quartier s'éveille. Par la fenêtre, je regarde mon voisin, le patron du bar à pittas d'en face. Il persiste à vouloir déloger un mégot logé entre deux pavés avec un tuyau haute pression; Combien de 1itres employés pour un mégot? J'associe ce que je vois à l'image d'Épinal (pas pour tout le monde) de cette Indienne marchant pendant des heures pour aller chercher l'eau du quotidien alors que Coca-Cola a mobilisé le puits de son village pour la fabrication de ses produits (10 litres d'eau sont nécessaires pour un litre de coca).

L'eau n'est pas une marchandise

L'eau est un patrimoine commun. Dès les années 90 commence la décennie de l'eau. C'est le combat de Riccardo Petrella, conseiller de la Commission européenne de 1'Environnement, professeur d'université en économie et depuis 1992, Président de l'Université européenne de l'Environnement. Son objectif est de contribuer à la mise en oeuvre d'un développement durable en Europe. Pour Petrella, d'ici 20 ans, plus de 3 mi11iards de personnes n'auront plus accès à une eau potable de qualité. Le ma,que de moyens financiers des pays en voie de développement est un facteur déterminant. La privatisation de la gestion de l'eau apporte certes de l'efficacité, mais aussi la "pétrolisation de l'eau" qui devient une marchandise monnayable donc inaccessib1e aux plus pauvres.

Ces 18, 19 et 20 mars 2007, au parlement européen, a eu lieu l'Assemblée Générale des Élus et Citoyens de l'Eau (AGECE). Pour rappel, 4500 enfants meurent chaque jour faute d'avoir accès à l'eau potable. Un tiers de l'humanité n'y a pas droit et cela ne fera qu'empirer avec le progrès de la désertification. Et que dire de la menace de privatisation?. L'essentiel du problème est dans ces deux notions,

Ce 19 mars, en conclusion, du deuxième jour de 1'Assemblée Générale, ila appert que les discussions abstraite doivent engendrer des solutions concrètes.

Chacun a droit à un accès à l'eau et il est important de défendre l'eau comme bien commun contre toute forme de privatisation, et enfin d'assurer le financement collectif par fonds public tout en garantissant la participation démocratique aux décisions.

En aucun cas, l'argent ni le pouvoir ne dépasseront en importance la dignité d'un homme.

Quelqu'un a dit: "le rêve de Riccardo Petrella est un bijou d'humanisme." Rêveur? Oui, mais ce militant s'applique avant tout à cerner le problème dans son ensemble et au niveau mondial, tout en cherchant des solutions applicables jusque dans nos vies de tous les instants. Le passage d'une vision étroite économique vers un idéal d'équité universelle ne se fait pas d'un coup de baguette. Il faudrait que la transition se fasse avec l'accord unanime de tous les pays du monde. Difficile…

"L'utopie étant ce qui n'a pas encore été réa1isé", il nous propose de rêver de vivre dignement, de rêver de partager, de rêver d'être responsable et solidaire.

Petrella suggère de financer la gestion mondiale de l'eau par un nouveau mécanisme financier. "Les 800 milliards nécessaires ne représentent qu'une fraction faible du montant des transactions financières spéculatives." Il faut un contrat mondial de l'eau qui ne doit pas être privatisée sous la pression du monde financier. En attendant, restons attentifs à une eau de qualité, et non chimique. L'eau minérale ne doit pas être traitée. Il ne faut pas que les rivières servent d'égout - Un rêve tout cela?

Et pour nous concrètement? Désirant apporter notre pierre à l'édifice, nous avons besoin de conseils. Ainsi nous est-il démontré qu'un produit vert pour la lessive n'aura qu'un impact minime sur la consommation alors que la récupération de l'eau de pluie nous permet de faire des économies plus substantielles. Rappelons aussi que les douches utilisent moins d'eau que les bains, qu'il faut faire réparer les fuites de robinets et de chasse sans attendres

Quelques expériences ont eu lieu en Belgique pour vivre en "eautarcie". À Malonne, où 4 citernes en bétOn de 5.OOO litres d'eau potable sont produites à partir d'eau de pluie filtrée, maison non raccordée aux égouts ni à la distribution d'eau (voir site www.eautarcie.com). Vous découvrirez également, avec étonnement sans doute, l'emploi des "toilettes sèches", appelées aussi TLB.

L'AECFE est porteuse d'espoir tant les engagements des parlementaires et des élus locaux sont concrets: 1) reconnaître l'eau en tant que bien commun et non comme marchandise. Les entreprises privées (surtout françaises) spéculent sur l'or bleu; 2) avoir des hauteurs de l'urgence. Attention: 1'actuel conseil de l'eau directement lié aux lobbies des transnationales. Refuser toute concession au domaine privé. 3) ajouter à la charte des droits de l'homme le droit pour tous à une eau de qualité avec échéance au 10/12/2008, qui est la date du 60e anniversaire de la déclaration des droits de l'homme.

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Avril 2009: l'éditorial de Suzanne Ferry

Seize… Impair (mais si) et manque…

Y a des numéros comme ça…

Si tu t'appelles Louis et que ton Antoinette est dispendieuse, il peut t'arriver des bricoles – ça s'est vu.

Et si tu habites rue de la Loi, tu attends, tu attends : les rapports de commission et d'expertise, le feu vert pour les sans-papiers, les réformes, et maintenant… les élections.

Mais si, benoîtement, en embrassant le sol du pays qui t'accueille, tu lances une petite phrase assassine, ce sont des milliers d'hommes et de femmes que tu envoies plus sûrement à la mort que… que sais-je, moi.

Où est ce jeune homme qu'on nous représente doux et barbu ? Ses vêtements, à lui, n'étaient pas d'or, loin s'en faut, mais sa parole l'était, puisque d'amour.


« L'échelle des valeurs est en train de perdre ses barreaux » San Antonio

« EAU SECOURS » (titre emprunté à l'asbl du même nom)

Mon père, homme simple et droit était un philosophe. J'ai été nourrie, outre de tendresse, de maximes ! Du haut de son 1,57 m, il réprimait souvent sa violence, sauf vis-à-vis de l'injustice.

Mais pour le reste, commentant les événements, petits et grands de la vie, il m'a appris toutes les nuances possibles entre le noir profond et le blanc absolu.

« La vérité? Crois-moi, on la découvre souvent davantage dans la contradiction que dans l'affirmation péremptoire. »… « La vie, disait-il encore, ce n'est jamais, ni tout à fait comme on la craint ni tout à fait comme on l'espère. »

C'est sans doute ce vécu qui me fait tant apprécier le monde d'Erik Orsenna et son dernier ouvrage « L'AVENIR DE L'EAU ». D'abord, l'auteur sait de quoi il parle, il va voir sur place: l'Australie, la Chine, Singapour… Il est allé partout, a discuté avec les dirigeants des multiples pays concernés, autant qu'il s'est entretenu avec l'homme de la rue, tout comme il l'avait fait pour son premier « petit précis de mondialisation » (Voyage au pays du coton.)

Nous avons déjà parlé de l'eau dans notre programme d'avril 2007, et du combat de Ricardo Petrella notamment, qui espérait tant que soit établie la charte de l'eau à l'occasion du quarantième anniversaire des Droits de l'Homme, le 10 décembre 2008. C'était compter sans l'égoïsme des nations, plus préoccupées à prévoir leurs réserves qu'à se pencher sur le sort des habitants qui continuent à ne pas avoir accès à l'eau (1 sur 6).

Sans rejoindre ces alarmistes à l'oeil éteint qui se contentent de « touiller » dans la mélasse d'un avenir sans avenir, Orsenna pose la question: dans 10 ans, aurons-nous assez d'eau pour boire, faire pousser les plantes, pour éviter qu'à toutes les raisons de faire la guerre s'ajoute celle du manque d'eau, (déjà une des causes de la guerre au Darfour). Comment faire pour que ce cadeau du ciel, tant convoité, ne devienne une marchandise qui mette à genoux plus encore les plus démunis ?

Par ses voyages et ses contacts multiples avec des physiciens, paysans, religieux, constructeurs de barrages, Orsenna nous dit avoir vu s'aggraver toutes les inégalités, même si l'on peut découvrir au fil des pages de belles coopérations entre administrations et entreprises.

L'Australie meurt de soif, les îles Brahmapoutre sont noyées d'inondations, ces changements climatiques ne peuvent laisser personne indifférent. Se pencher sur les systèmes d'évacuation absents pour la moitié du monde, vecteurs de maladies comme le choléra, étudier comment certains animaux pallient le manque d'eau: les scarabées de Namibie, paraît-il, sculptent de petites fosses dans leur carapace pour recueillir la moindre trace de rosée…

En conclusion, rappelons-nous que l'eau est une ressource renouvelable donc cyclique; il ne faut pas la comparer au pétrole qui est un gisement. Le risque n'est donc pas l'épuisement, mais le dérèglement des cycles. Le réchauffement global ne va pas réduire mais accroître la quantité d'eau. L'évaporation, amplifiée, donne plus d'humidité dans l'air et plus de précipitations, mais de façon tellement inégale par le jeu des courants d'air dans l'atmosphère que des canicules alterneront avec des déluges. Un point de vue global du problème n'amène aucun renseignement, toute analyse doit se référer à des réalités locales.

Économiste, le Directeur de recherche au CNRS rappelle que l'eau n'est pas un bien gratuit puisque la distribution implique un coût, ni un bien public puisque n'appartenant pas à l'Etat: c'est un bien commun! A l'illusion de la gratuité, préférons l'obligation de la solidarité.

Pour en savoir plus: Eric Orsenna L'Avenir de l'Eau. Petit précis de mondialisation, Fayard, 2008. Pages inédites sur le sujet: www.erik-orsenna.com/blog

Dernière minute!

La déclaration de dernière minute qui a terminé le 5e forum mondial de l'eau fut ressentie « fade et inadaptée » face à l'urgence du problème. Les militants, déçus et attristés que l'accès à l'eau potable et à l'assainissement reste un besoin humain fondamental et non pas un droit. Comme quoi, quand on ne veut pas se mouiller…

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Novembre 2009: l'éditorial de Suzanne Ferry

À vous, chers facteurs,

Nous comprenons fort bien les difficultés que vous rencontrez dans votre métier actuellement.

Vous avez dans vos sacoches des centaines de programmes de notre café-théâtre. Nous les trions pour vous faciliter la tâche. Ces imprimés nécessitent travail et argent pour notre petite asbl pas riche. Puissiez-vous les acheminer sans encombre jusqu'à leurs destinataires…

Cela nous donne l'occasion de vous en remercier chaleureusement


On nous apprend que certaines banques ont déjà repris leur déplorable habitude de placements à risques. Où sont les économistes concernés ?

Petit truc: si votre pointe feutre est sèche (notamment parce que vous avez oublié de lui remettre son capuchon), trempez-la donc dans du vinaigre.

Le coin du poête

Amour, tu as été mon maître
Je t'ai servi sous tous les dieux
Ah ! Si je pouvais deux fois naître
Comme je te servirais mieux
              Clément Marot (1495-1544)

MONSANTO… Mais que faire?

Non, ce n'est pas parce que c'est une société américaine, nous avons aussi nos usines à produits chimiques. Mais c'est une question d'éthique, de plus en plus bafouée, qu'on associe à leurs productions. Moi, le premier Américain que j'ai rencontré était caserné à Jemappes, près de mon école. C'était un noir, oui Madame, ça se passait en 1944. Il m'a donné une orange en me faisant comprendre qu'il avait dans son pays une petite fille de mon âge. Je n'oublierai jamais le cérémonial à la table familiale quand Maman l'a partagée entre nous quatre. C'était la première fois de ma vie que j'en goûtais.

Mais revenons à Monsanto, là où business = détresse, particulièrement depuis 1993.

Nous en avions déjà parlé succinctement, mais l'émission repassée dernièrement à la TV a provoqué en nous le même émoi. Cette usine, fondée en 1901, produit initialement de la saccharine vendue à une petite société en expansion nommée Coca-Cola. En 1904 s'ajoute la fabrication de la caféine et de la vanilline. En 1918, vint l'aspirine dont il fut le premier producteur américain jusqu'en 1980. C'est en 1945 que débute la production d'herbicide et d'insecticide.

En 1950, ils produisent la fibre acrylique. C'est vrai, tout cela semble d'intérêt public; mais que reproche-t-on à Monsanto?

  1. LA PUBLICITÉ MENSONGERE, entre autres pour son produit "Roundup", présenté abusivement comme produit biodégradable. Il y eut procès et Monsanto fut condamné.
  2. L'EFFET NOCIF DE L'HORMONE DE CROISSANCE BOVINE, en 1993, avec le "Posilac": 15 % d'augmentation de production du lait, mais entraînant l'inflammation des pis et l'augmentation du taux des globules blancs (pus). Les vaches sont alors traitées aux antibiotiques qui se retrouvent dans le lait. Ces deux produits ont été retirés de la vente
  3. LA PRESSION SUR LES POUVOIRS PUBLICS et les sommes folles données à leurs avocats pour défendre des produits plus que suspects. Pourtant, en 2000, la firme dépose une charte d'engagement d'entreprise dont les maîtres mots sont "Dialogue, transparence, respect, partage et utilité", engagement resté trop souvent lettre morte.
  4. Faut-il encore parler du "GAZ ORANGE" répandu si généreusement au Vietnam, tuant toute végétation et responsable de malformations sur des dizaines de milliers d'enfants. Certains vétérans américains intentèrent également une action.
  5. LA DISSIMULATION d'études épidémiologiques. Les premières études suggérant les dangers de la dioxine paraît en 1937 aux ÉU, Un article de 1947 avait été falsifié dans le but de démontrer l'innocuité du produit, contrairement à un rapport interne d'entreprise disant qu'il est nécessaire de donner l'alarme, la toxicité ayant été prouvée de nombreuses fois. A l'issue d'un procès, il est reconnu que les rivières environnantes sont polluées ainsi que le territoire d'Anniston et le sang de sa population (noire).
  6. Mais une des choses la plus dérangeante est la "technologie terminator" qui obligera peu à peu les agriculteurs à acheter leurs semences (ils ont déjà 90 % de la production mondiale). Ces graines ne peuvent servir qu'une fois. Plus question de récolter les semences sur la production antérieure comme on l'a toujours fait. Système préjudiciable surtout pour les petits exploitants et conduisant à l'emploi des OGM.

Mais que faire, face à cette puissance dangereuse?

D'abord, s'informer et informer, mais cela ne suffit pas. Pour le reste, rien n'est simple mais tout est possible. Glaner les infos sur l'emploi des produits innovants remplaçant toute la panoplie de ce qu'on nous présente à grands renforts de pub… Le retour à certains "trucs" éprouvés et oubliés… La recherche incessante dans ce domaine par des gens concernés. Qui contestera l'efficace supériorité d'une très large rasade de vinaigre déversée la nuit dans les toilettes, par rapport à tous ces produits "miracle" plus onéreux. Quant à la nocivité de toutes ces bombes désodorisantes pour "purifier" l'air, elle n'est plus à démontrer.

Connaissez-vous "La vie au Vert" (RTBF) ? Nous avons retrouvé sur Internet quasi l'entièreté de l'émission du dimanche matin, passant sur la première à l'heure où la plupart des Belges sont encore dans les bras de Morphée. Ca vaut le détour !

Chronologiethème

Février 2010: l'éditorial de Suzanne Ferry

Ô chers artistes, mes chers artistes,
Vous qui sur scène m'avez si souvent émue aux larmes, qui m'avez fait rire de bonheur,
Continuez, au-dessus de la mêlée – ou en dessous, qu'importe –
Continuez de nous apporter la fraîcheur, la révolte, l'indicible et ce regard différent sur les bassesses et les grandeurs du monde,
Nous avons besoin de vous!

S. Ferry

Pour ceux qui y croient… Quelqu'un digne de Foi a dit un jour: «Rassurez-vous, l'Eglise, c'est pas l'Bon Dieu.» No comment…

«Je n'ai d'argent qu'en mes cheveux» – Charles Cros

L'argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître – Alexandre Dumas (fils)

Mais d'où vient ce petit axiome? «Cause toujours» diront ces banquiers gras de Wall Street comme les a appelés Barack Obama en cette deuxième semaine de janvier. Il n'a pas mâché ses mots quant à sa détermination en imposant «une taxe sur la responsabilité de la crise financière». Une taxe annuelle établie aussi longtemps que nécessaire vis-à-vis des cinquante banques qui ont bénéficié du plan de sauvetage. Obama veut récupérer l'argent public reçu au moment de la crise financière: plus ou moins 115 milliards de dollars! Dans le même contexte, il dénonce les "bonus obscènes" que compte s'octroyer Wall Street. Il a signifié clairement vouloir «commander à Wall Street plutôt que de laisser les banques commander au Gouvernement.» Naïveté diront beaucoup, il y a longtemps qu'on sait que c'est l'argent qui mène le monde… Les banques évidemment ne cachent pas qu'elles feront tout pour s'opposer à cette taxe. Il faut que cela passe au Congrès. Cela promet bien de l'agitation dans les couloirs du Capitole.*

Toujours à propos d'argent, mais dans un autre domaine, si vous avez entendu le journal de l'économie un matin pas très lointain sur la Première: «La France a supprimé les bonus, l'Angleterre aussi» et sans doute l'Amérique, du moins, on l'espère. Et notre petite Belgique bien aimée? La Belgique attendra 2013 pour prendre une décision. Bien que déjà debout, je me suis demandée si j'étais vraiment réveillée.

«Il faut reprendre la main sur le cours du monde» confie Luc Ferry à D. Berns dans Le Soir du 15 janvier, offrant un diagnostic sans concession de la crise de notre civilisation. En conclusion: «Nous sommes pour l'instant face à une contradiction dont personne n'a la clé: la croissance est indispensable et au niveau mondial, elle n'est pas tenable. Quand les Chinois et les Indiens auront notre niveau de vie, il faudra quatre planètes pour fournir les matières premières. Voilà la contradiction à résoudre et il n'y a que deux voies, celle de la décroissance et celle de l'innovation».«»

Nul ne peut imposer la décroissance, ni en assumer les conséquences humaines calamiteuses. Reste le parti de l'innovation. C'est la seule carte à jouer pour les Européens. Avec son avance scientifique encore considérable, l'Europe ne doit pas s'engluer dans le principe de précaution mais offrir des modes de consommation et de régulation innovants au reste du monde. Cela dit, c'est bel et bien un pari, et il n'est pas gagné… (Luc Ferry est très controversé, surtout depuis qu'il a été appelé par qui vous savez au Gouvernement en France. Il ne se vante pas de donner des solutions miracle, mais reste un homme de morale, dont la Société a besoin.)

Malgré notre penchant congénital pour la poésie et la musique, (je voulais vous parler de Nougaro), on ne peut plus vivre aujourd'hui sans s'intéresser à l'Economie, ce monde de dangers, de dilemmes, de compromissions. Comment ne pas se laisser manger par les gloutons? On a essayé de nous convaincre que beaucoup d'argent avait été perdu pour tout le monde avec la crise. Alors d'où reviennent ces "fortunes indécentes" après si peu de temps? Nous ne voulons pas de couleur politique mêlée à nos activités artistiques, mais où est la gauche? C'est du choc des idées que viendront les stimuli de l'action et pour le moment…

Le mot de la fin? Nous l'emprunterons à Jules Renard (1864-1910): «L'argent ne fait pas le bonheur dites-vous? …RENDEZ-LE !!»

*Ce 20 janvier, au moment où nous rédigeons ce texte, on nous annonce sur antenne que Barack Obama a perdu un siège et n'a donc plus la majorité. Quid de la réforme santé? Décourageant et même pire, il fallait s'y attendre…

Chronologiethèmes

Novembre 2011: l'éditorial de Suzanne Ferry

Les six concerts de TAM ECHO TAM... Un défi, un espoir. Dans les jours qui ont suivi leur premier concert, il y a eu près de 40 réservations pour le suivant. Que dire de plus? Ne vous privez pas de ce bonheur. Il y en a encore deux en novembre: les samedis 12 et 19, et deux en décembre, les samedis 3 et 17.

Nous emprunterons au vocabulaire des jeunes le mot « kif » (kifer correspond à aimer dans tous les sens du terme).

Florence Servan-Schreiber en a fait le titre d'un livre: "3 kifs par jour" (et autres rituels recommandés par la science pour cultiver le bonheur), qui nous apprend à amener à la conscience trois moments les plus heureux ou agréables d'une journée.

Avis aux distraits : Savez-vous qu'il y a au Cabaret quelques parapluies, écharpes, une jolie paire de gants, un pull, un veston et même une redingote qui attendent – patiemment - leur propriétaire. On cherche encore le raton-laveur…

Indignez-vous

Nous voulions vous parler en septembre de la publication de Stéphane HESSEL: "Indignez-vous" sortie fin 2010, et appelant à une insurrection PACIFIQUE. (On ne parlait pas encore des indignés.) Depuis, sur nos petits écrans, en avons-nous entendu parler de leurs manifestations qui prirent naissance en Espagne et s'étendent maintenant jusqu'en Amérique.

Au départ, une question survient: Indignez-vous... Et après? Il est tellement facile de mobiliser la jeunesse, surtout en ces temps d'intense questionnement.

Le message nous a particulièrement interpellés fin septembre car nous avons appris dans un même temps qu'un deuxième livre venait de sortir: "Engagez-vous". Ainsi, il ne s'agit pas seulement de dénoncer, mais plutôt de chercher des solutions pour essayer de faire bouger les choses, petit à petit, avec détermination.

Qui est Stéphane HESSEL?

Un jeune homme de 94 ans - excusez-moi du peu - dynamique et souriant, échappé deux fois des camps de concentration durant la guerre. En 1943, se développe "le conseil de la résistance" qui s'engage à fond dans la lutte contre le nazisme. Ensuite, il devient co-rédacteur de la Déclaration des droits de l'homme qui voit le jour en 1948. Puis se crée la Sécurité Sociale: "un plan complet, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, une retraite digne, l'instauration d'une véritable démocratie économique impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie" Le motif de la résistance, c'est l'indignation! Quels en sont aujourd'hui les principaux points, relevés par Stéphane Hessel?

  • L'immense écart qui existe entre les très pauvres et les très riches, et qui ne cesse de s'accroître. Le pouvoir de l'argent n'a jamais été aussi grand dans les hautes sphères de l'état. Les banques se montrent d'abord soucieuses de leurs dividendes et des très hauts salaires de leurs dirigeants. La course au "toujours plus" est un ouragan destructeur.
  • Les droits de l'homme et l'état de la planète, ce dernier étant sans doute le plus mobilisateur pour la jeune génération… Et de nous rappeler qu'il manque toujours une Organisation Mondiale pour l'Environnement comme il en existe une pour le commerce (OMC).
  • Le traitement fait parfois aux immigrés, aux sans-papiers, au Roms...
  • "Du développement au développement durable", le mot développement étant à prendre avec précaution. Il est évident, nous dit-il, que lutter contre le nazisme était plus simple, comme la décolonisation qui a suivi et certaines formes de totalitarisme. Mais la longue vie d'Hessel lui a donné une succession de raisons de s'indigner, nées moins d'une émotion que d'une volonté d'engagement, souligne-t-il.

Hélas, à l'énoncé des excès vécus ces derniers jours, nous pouvons imaginer sa déception, lui qui nous rappelle que "la non-violence est le chemin que nous devons apprendre à suivre et que l'humanité devra franchir l'étape qui vise entre autres à la conciliation des cultures différentes. La violence est un échec, la violence tourne le dos à l'espoir, aussi bien du côté des oppresseurs que des opprimés, il faut arriver à une négociation pour faire disparaître l'oppression. C'est pourquoi il ne faut pas laisser s'accumuler trop de haine et pouvoir s'appuyer sur les valeurs fondamentales."

Des mots tout cela?

Stéphane Hessel, ce non-violent, cet engagé, prouve que tout est possible. «Que puis-je faire, face à telle situation ?» C'est la question à se poser.

Stéphane Hessel: «"Indignez-vous», Indigène édition, et «Engagez-vous», Édition de l'Aube

Chronologiethèmes – L'article suivant sur Stéphane Hessel

Février 2012: l'éditorial de Suzanne Ferry

Devinette : «Cherchez un petit mot de 5 lettres le plus souvent utilisé en ce début d'année.»

«Vœux»? pas mal, mais ce n'est pas la bonne réponse.

«Crise»? bingo, vous avez gagné, mais pas autant que les actionnaires de Dexia.

Revenons aux vœux, mot plus habituel, puisqu'il fait davantage partie de notre vocabulaire.

Nous vous souhaitons amour, amitié, santé, une pincée de folie, et plein de projets…

TAM ECHO TAM. Présents durant quatre samedis, la belle aventure continue:

  • les 11 et 25 février
  • les 10 et 17 mars

Tant de raison pour vous les faire connaître ou redécouvrir...

  • Un langage universel
  • Un humour omniprésent
  • De très belles voix, tellement diversifiées et qui s'harmonisent à merveille.
  • Beaucoup de créations dans un univers de pop, jazz, world music, chanson française...
  • Quelques reprises sublimées soit par la voix ou l'émotion qui s'en dégage
  • Un talent musical sans faille
  • Un travail scénique soigné qui n'enlève rien à la spontanéité.

Vous en voulez encore? Venez les écouter dans l'un des concerts de Février-Mars, vous conviendrez alors que rien n'est exagéré et peut-être reviendrez-vous comme tous ces spectateurs qui ont accompagné deux ou trois fois d'autres amis.

La méthode Gordon

Bien peu de gens connaissent Thomas Gordon, né en 1918, décédé en 2002, et considéré comme le père de l'approche humaniste.

Que faire face à la violence qui s'exprime de plus en plus par des actes gratuits que nous comprenons mal et que nous regrettons amèrement, que faire devant des abribus saccagés, devant ces graffitis qui n'ont rien d'artistique ou cette rage verbale qui abasourdit.

Savez-vous que plusieurs études ont été faites et que l'une d'entre elles démontre que sur 400 enfants que des parents n'avaient jamais frappés, un seul a montré des signes de violence. Alors que la moitié parmi les enfants battus ont, plus tard, battu leurs parents ou leurs propres enfants.

Que vient faire Thomas Gordon dans tout cela? Par ses importants travaux, il fut proposé trois fois au prix Nobel de la Paix et obtint la «Médaille d'or de Psychologie Humaniste pour sa contribution exceptionnelle à la diffusion de la psychologie d'intérêt public».

Reprenant les travaux d'A. Maslow sur la satisfaction des besoins, la reconnaissance, la compréhension de l'autre et l'affirmation de soi, il mit au point une méthode d'éducation et de relations originale.

La méthode Gordon est proposée plus efficacement dès les années 1960-70. Elle est destinée aux familles, à l'enseignement, aux entreprises.

En apparence très simple, elle repose sur une relation où chacun est gagnant.

La discipline, largement controversée ou imposée différemment à chaque époque, n'a pas fini de diviser parents, professeurs et toutes personnes s'occupant d'éducation. Les étals de librairie regorgent plus que jamais de livres de conseils destinés aux parents.

Entre sévérité et tolérance, ceux-ci s'interrogent: «J'ai été sévère avec mon premier enfant et cela n'a pas réussi, j'ai opté pour plus de tolérance avec le second»... «Je voulais être moins strict que mes parents et j'emploie - contre mon gré - les mêmes méthodes et les mêmes mots qu'eux et je me déteste».

Dans son livre «Eduquer sans punir», Gordon pose la question que nous nous posons tous, un jour ou l'autre: «Sévère ou indulgent?», autrement dit «Autoritaire ou permissif?»: Nous trouvons aux extrêmes les autoritaires qui dominent et commandent alors que les permissifs laissent l'enfant dominer et commander.

Et voici que Gordon nous propose un tout autre regard: «Cette nouvelle approche pratique, différente et efficace, exige que les adultes modifient leur perception des enfants et leur façon de les traiter.» Plutôt que de traquer l'enfant avec conseils, gronderies et jugement, Gordon propose ce qu'il nomme l'écoute active, où l'on se met avant tout au niveau de l'enfant, de sa souffrance, de ses questionnements. Le principe est simple. Nous avons même le témoignage d'un parent qui n'hésite pas à trouver cela miraculeux dans la gestion des conflits. Mais, la mise en pratique nécessite la lecture d'ouvrages car, dit-il, les vieux réflexes reviennent vite.

Peut-être, si cela vous intéresse, reviendrons-nous sur le côté plus pratique de la méthode GORDON dont le premier principe est l'écoute active. Passionnant de découvrir qu'il existe en toutes circonstances une réponse positive aux problèmes familiaux et de société.

J'ai rarement rencontré un parent qui ne désirait pas établir une bonne relation avec ses enfants, tous souhaitent éviter une rupture de communication, veulent prévenir querelles et hostilité, veulent aimer leurs enfants et les apprécier. Cette approche se situe donc largement au-delà des différences que les parents présentent quant à leur race, religion ou nationalité" (Th. Gordon)

Bibliographie de Thomas Gordon

«Eduquer sans punir» Editions de l'Homme
«Parents efficaces» Ed. Marabout

Vous trouverez sur Internet notamment la liste complète de ses ouvrages.

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Avril 2012: l'éditorial de Suzanne Ferry

Touchée profondément par ce qui est arrivé ce mercredi, je laisse la plume à une maman qui a vécu la perte d'un enfant.

Guillaume,

Ce 24 avril, tu aurais eu 11 ans
Serais-tu grand, charmant, intelligent?
Je ne le saurai jamais vraiment
Puisque la vie en a décidé autrement.

Très vite heureusement
Alice est arrivée, me comblant
Mais le vide restera pourtant
La plaie au cœur toujours saignant

Tu me manques terriblement
Je ne guérirai jamais totalement
Alors pendant tout ce long temps
Où de te rejoindre j'attends

Protège-moi, ta maman

Sur la route du papier (Ed. Stock)

Erik ORSENNA, l'infatigable écrivain et chroniqueur, l'infatigable voyageur, en est à son troisième tour du monde, dans des régions totalement différentes et suivant les thèmes qu'il veut aborder: Le premier en 2006, pour son "Voyage au pays du coton"(1), le deuxième en 2009 pour rédiger "L'avenir de l'eau"(2) et un troisième pour nous donner "La fabuleuse histoire du papier". Derrière la moustache et l'œil qui sourit à lui tout seul, on voit certes l'homme d'humour et de réflexion, mais avant tout l'humaniste qui observe avant que d'affirmer.

"sur la route du papier" achève à peine de sécher son encre, (dépôt légal en mars 2012). Bien sûr ce troisième "Petit précis de mondialisation" n'a-t-il pas la même portée sociale: il dénonce moins les inégalités rencontrées, ce n'était pas son but. Mais que d'affirmations précises et documentées, que de découvertes faites d'un regard tendre ou étonné. Il va au devant des frontières, des cultures et des hommes faire sa propre enquête. Vous résumer le livre est mission impossible, il est truffé d'anecdotes, de rencontres enrichissantes à chaque étape du voyage. Je ne veux vous donner ici que l'envie de le lire.

Orsenna veut rendre hommage au papier qui depuis tant d'années lui a donné tant de joie... Et de le remercier: "Je lui devais mes lectures, qui serais-je sans lui, et c'est sur son dos que je tente de faire avancer mes histoires. Que serait ma vie sans raconter... L'heure était venue de LE raconter, alors j'ai pris la route, sa route... Cher papier, chère pâte magique de fibres végétales".

Vous voyagerez dans le bouquin comme dans un annuaire, chaleur en plus. Il est divisé en deux parties. La première: "Papiers passés" comporte 17 chapitres, la seconde: "Papiers présents" en compte 27. Avec chaque fois un sous-titre pour vous y retrouver.

Vous pouvez passer un chapitre, y revenir, le relire 3 fois s'il vous intéresse. Vous y apprendrez comment on fabrique le parchemin, sa différence avec le papyrus. Et pourquoi l'Asie fut conquise depuis si longtemps à l'usage du papier, avant le monde arabe qui voulait que le Coran fut transcrit à la main. On vous rappellera que dans l'Europe du moyen-âge, les moines détenant le quasi monopole de la lecture et de l'écriture, le parchemin suffisait à leur activité de copiste et d'enlumineur... Vous saurez qui a inventé la route de la soie... près de deux siècles avant Jésus-Christ. Vous irez vous promener en Toscane, à Fabriano. Contrairement à ce que dit la légende, depuis longtemps, les tisseurs et les tanneurs profitaient de la rivière et de son énergie gratuite.

Pour pouvoir écrire sur le papier, il fallait traiter la surface, et les papetiers eurent l'idée de demander aux tanneurs leur jus de cuisson; cette gélatine fit merveille, accueillant toutes les écritures. Ils eurent ainsi le monopole de la fabrication des billets de banque. Fabriano voulut conserver le secret de cette fabrication, mais devant les imitations, ils eurent l'idée d'un petit fil de cuivre. Ainsi naquit le filigrane. Son lieu de naissance est bien là.

Je vous avoue n'avoir pas terminé le livre, les dates de sortie du programme faisant loi, mais je suis allée survoler la deuxième partie tout aussi riche en découvertes. On vous parlera de nouveaux débouchés de l'amiante, sans danger ceux-là, et des emballages intelligents, ou encore des énergies qu'engendrent les contacts physiques dans l'entreprise par rapport aux contacts virtuels, et tant d'autres choses…

Merci la vie, merci le papier, merci Monsieur Orsenna.

(1) et (2) Voir thèmes

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Février 2013: l'éditorial de Suzanne Ferry

Le Cabaret aux Chansons vous souhaite la joie de vivre pour toute cette année 2013.

Petite pensée musicale: «La contrebasse est la colonne vertébrale de l'harmonie.» Bernard Lavillers

«L'expérience est un professeur cruel qui vous fait passer l'examen avant de vous expliquer la leçon.»

Des glorieuses aux piteuses…

«Nul ne perd que l'autre ne gagne»

Qu'est-ce qu'on nous fatigue aujourd'hui avec ces «30 glorieuses»! Mais il en va de même pour le bonheur: c'est quand il s'estompe qu'on se rend compte de son prix… Nous avons continué de vivre dans une semi-conscience jusqu'à cette année 2008, l'année où pas mal de petits Belges (entre autres) ont vu fondre une partie de leurs économies dans je ne sais quel brouillard bancal… bancaire si vous préférez.

Et aujourd'hui, l'homme de la rue, sensé, pragmatique… se sent pris à la gorge quand on lui raconte qu'une nouvelle race de voleur existe, qui s'en prend aux surgélateurs des supermarchés pour un simple rôti ou quelques côtes de porc.

Joseph STIGLITZ, altermondialiste, prix Nobel d'économie (2001) nous parle des dérives des marchés financiers. Il insiste sur la nécessité de solidarité en Europe et nous explique: «Les marchés sont irrationnels: on a refinancé les banques sans leur donner de directives, les banques ont mordu la main qui les a nourries par leurs attaques spéculatives envers les gouvernants.»

Nicolas BAVEREZ, (Réveillez-vous, éd Fayard), historien et économiste, affirme que les banques nous emportent dans leurs faillites et peuvent nous ruiner. Pas très poétique tout ça, même si la crise nous maintient encore la tête hors de l'eau, j'avoue que de la Grand'Place jusqu'au Delhaize du boulevard, il y a quelques années, je rencontrais quelque 2 ou 3 mendiants, ils sont aujourd'hui une vingtaine sur le même trajet, sans parler des couvertures étendues ça et là en forme de corps, en pleine journée.

Daniel COHEN (Homo economicus), interviewé dans «50° Nord» ce 11 janvier, pose la question: «L'impunité, est-ce vraiment fini? On ne demande même plus aux banques un plan de solvabilité. En recourant à des analyses quantitatives de plus en plus précises, on a découvert, enquête après enquête, que le bonheur stagne ou régresse dans les pays riches et que l'accumulation de la richesse n'a donc rien à voir avec le bonheur optimal.»

Il y a une faiblesse d'ordre cognitif dans la capacité à anticiper leurs affects. «Autrement dit, on s'habitue tellement vite au progrès vécu qu'il n'augmente pas notre capacité d'en ressentir les effets bénéfiques.»

En première page de «Moustique» cette semaine, on nous parle des maîtres de la Belgique: 10 grandes familles qui possèdent 42 milliards et décident de presque tout.

On a chacun «sa» radio. Nous, c'est le premier programme RTBF. A l'affût d'informations sur les dérives bancaires, nous avons dressé l'oreille en ce matin de décembre 2012 lors de l'édito européen d'Anne Blanpain. Elle nous fait part de ce que le commissaire européen Semeta chargé de la fiscalité a publié une proposition avec un message tout simple: «Vous cherchez de l'argent pour boucler vos fins de mois, et vous laissez filer des milliards d'euros via une fiscalité mal fichue». Il faut revoir, dit-il, les conventions de double imposition, celles qui empêchent par exemple un Italien d'être taxé en Italie parce qu'il paie déjà des impôts en Belgique. Mais il y a des trous noirs dans ces conventions, insiste-t-il, et ces trous noirs permettent parfois au contribuable de ne rien payer nulle part.

Attaquez-vous aux paradis fiscaux. Faites respecter l'esprit de vos propres législations fiscales. Interdisez les montages artificiels qui ne servent qu'à éluder l'impôt. Le code dénonçant la fiscalité des entreprises (qui tourne maintenant au ralenti) avait pourtant permis de démanteler des systèmes présentant une concurrence déloyale… Suivis d'effets ces propos musclés? Il paraît qu'on n'a vu aucun membre applaudir ni même commenter ces propositions ainsi que celle qui concernait la fiscalité de l'épargne car le jour même, la plupart des banques proposaient d'autres formules d'épargne plus «contournables».

Pourtant, pour être certaine d'être plus percutante, la Commission ce jour-là avait chiffré le montant de l'évasion fiscale européenne: 1 000 milliards d'euros (le montant du budget global de l'Union européenne pour sept ans). Ca donne le tournis.

Pas gai tout ça? Pour ramener un peu de poésie dans ce monde impitoyable, on t'écoute, ô poète de tendresse et d'harmonie:

«Partez à la découverte de votre soleil intérieur, nous vivons souvent à l'ombre de nous-mêmes» J. Beaucarne.

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Avril 2013: l'éditorial de Suzanne Ferry

Merci à Monique, Fabienne et tous les sympathisants du Cabaret pour leur contribution et leur amitié.

Sensible au problème de l'eau dont nous avons beaucoup entendu parler ces derniers jours, nous vous invitons à relire deux éditos ci-dessus: L'eau n'est pas une marchandise (avril 2007) et Eau secours (avril 2009).

«L'amour à tort et à travers», Vous vous souvenez? Plus que jamais d'actualité, face à la puissance de l'argent…

Le Cabaret fête ses 17 ans, merci de votre fidélité.

À nous de jouer… (Ed. Autrement), par Stéphane Hessel

Il nous a quittés le 26 février, à l'aube du printemps, lui qui en comptait 96. Seul son besoin de s'impliquer autant que ceux à qui il s'est adressé lui a fait écrire ce nous dans le titre, car il se savait très fatigué et n'a pas pris le temps d'attendre la sortie de son dernier «appel aux indignés de cette terre» (dans les librairies dès le matin du mercredi 13 mars). Nous l'avons lu avidement bien sûr: c'est une synthèse éloquente du combat de toute une vie, faite d'un étal sans concession des réalités du monde tel qu'il est et d'un mode d'emploi interpellant de réalisme,

Doux rêveur? Mais non, homme d'action s'il en est. En éternel optimiste, il croit la nature «riche en ruses multiples».

Nous ne répéterons pas les choses de notre première analyse de "Indignez-vous" (voir plus haut).

Pourtant, et je m'adresse surtout aux enseignants, combien de fois devons-nous redire les choses, même évidentes, avant que les oreilles n'accrochent les mots pour les transmettre à nos cerveaux plus ou moins endormis.

Quels sont ses maîtres-mots? Prise de conscience, responsabilité et compassion, voilà bien un mot tombé en désuétude et qu'il remet à sa juste place.

Il nous parle de la nécessaire adaptation de l'Occident. Autrefois, quand l'Occident allait bien, le monde allait bien, et vice-versa. C'est aujourd'hui terminé. Le BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) joue un rôle des plus importants face à l'Occident, qui doit se préparer à devenir une entité parmi d'autres: c'est une nouvelle perspective pour les valeurs occidentales et orientales réunies. Hessel nous recommande de nous débarrasser de la peur et accepter que l'autre puisse être à la fois, semblable et différent.

Des excès, il y en eut de tous côtés (dans les croisades, dans l'inquisition, l'Islam, le judaïsme).

Revenons à ce terme étonnant: la compassion, que Stéphane Hessel oppose à la «pensée jalouse». Plus forte que la sympathie, moins condescendante que la pitié…

A ce jour, l'anthropologie et l'écologie ont fourni des approches pour une nouvelle forme de pensée avec les deux indispensables, raison et intelligence. Hessel entend préparer le fondement d'un nouveau "vivre ensemble politique".

«A nous de jouer» est-il un livre de réflexion? Oui, sans doute, mais surtout une autre façon d'approcher l'autre, les autres. Dans ce troisième ouvrage, outre qu'il rappelle l'essentiel des deux premiers ouvrages (Indignez-vous, Engagez-vous), il nous mène davantage encore sur le chemin de l'action pacifique.

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