adresse et remerciements Petits Lieux

Le Cabaret aux Chansons

Avril 1996: premier courrier de Suzanne Ferry

CABARET AUX CHANSONS
22bis
Rue du Marché aux Fromages
1 000 Bruxelles
Tél. 02-512.51.92

Bonjour,

Etes-vous au courant?

Le 22bis Cabaret aux Chansons a ouvert ses portes au début du printemps. Nous sommes «vieux» de quatre soirées faites avant tout de talent et d'amitié.

Le public présent ne s'y est pas trompé. Mais un travail considérable reste à faire au niveau de la diffusion.

Voici, pour vous permettre de vous y retrouver, le programme des prochaines semaines.

Nous fonctionnons les vendredis et samedis.

Ouverture à 20 heures.

Spectacle à 21 heures.

Ce prochain vendredi, nous aurons la joie de vous présenter le mime Alain Lescot dont le professionnalisme n'est plus à démontrer. En deuxième partie, Kim Stéphane, voix chaude, profonde, sur fond de folklore russe. A entendre absolument (Entrée libre).

ATTENTION. A la suite d'une erreur de programmation, l'annonce ne paraîtra pas cette semaine dans les journaux.

Programme du vendredi 5 et du samedi 6 avril (Entrée libre)

  • Alain Lescot, mime
  • Kim Stéphane, chanson française et russe

Programme du vendredi 12 et du samedi 13 avril (Entrée libre)

  • Chantal Estelle,
  • Hugues Draye,
  • Eve Andilhac, chanson française

Chronologiethème

Mai 2006: l'éditorial de Suzanne Ferry

En toute simplicité?

Le 25 mars dernier, le Cabaret a fêté ses dix ans d'existence de la manière la plus douce et amicale qui soit; un vrai régal. Quelques courriels, fax et lettres nous encourageant; les petites fleurs traditionnelles, quelques pralines «craccotendres» et puis surtout, autour de nous, nos amis ainsi qu'une vingtaine d'artistes ayant pu se libérer pour l'occasion: ils nous ont chanté deux de leurs chansons, avec quelle tendresse et quelle délicatesse d'émotion partagée. Saher nous a concocté un mini-récital de flûte du désert, en plus de quelques-unes de ses inimitables imitations? On se souviendra également de l'impro choc de Daniel Hélin qui nous a bien titillé les neurones, comme d'hab! Que les autres nous pardonnent de ne pas les citer, ce n'est certes pas qu'ils soient moins présents dans nos coeurs.

Nous ne ferons pas de bilan - ce n'est pas encore fini, oh non alors! Ceci dit, rien n'empêche de faire le point - échecs et réussites, force et faiblesses d'organisation, projets et poursuite des principaux objectifs.

Le passé - qui restera présent - c'est plus ou moins 940 spectacles pour un public ? disons de 35 à 40 personnes en moyenne; des soirées de temps à autre où l'on pousse la porte en vain, les spectateurs trop nombreux la bloquant de l'intérieur. Nos quatre spectacles poésie (pourtant très accessibles) ont réuni invariablement 14 person­nes. Le mot fait-il peur? Tant pis, cette poésie est tellement présente en tout, enrobée de musi­que, intégrée au coeur des chansons, alors?

L'humour Style difficile s'il en est, c'est un lieu commun de prétendre qu'il est moins commode de faire rire que de faire pleurer. Bien sûr, nous avons nos bons humoristes, à côté de cela, nous avons souvent été déçus.

La chanson d'humour, qui a la cote quand elle est bien faite, fait quelques percées appréciées parmi les jeunes et l'on s'en réjouit.

Les groupes sont à la mode. C'est tellement chouette de partager la musique, plus encore que le reste. Le guitariste chanteur solo fait-il ringard? (le mot va faire plaisir à Michel) C'est vrai qu'une basse qui rythme ferme, une deuxième guitare, quelques percus donnent une autre dimension.

La deuxième expérience de groupes revenant pour 8 concerts est tout à fait réussie, au niveau de la participation du public et plus encore quant aux progrès constatés de semaine en semaine chez les musiciens.

Nos principaux objectifs restent la diffusion de la chanson française et l'écoute de tous ceux qui s'expriment avec talent, leur donnant l'occasion de tester et de parfaire leurs contacts avec le public. Nos moyens sont relativement faibles. Nous sommes arrivés en une période de restriction. Comment faire pour être plus combatif et se faire reconnaître par les tournées «Art et Vie», par exemple, pour atteindre une subvention qui nous permette d'autres projets? Comment faire pour toucher les médias et faire reconnaître les talents qui ne demandent qu'à s'exprimer? C'est maintenant qu'on a besoin de bons journalistes, pas quand le talent est confirmé, c'est maintenant qu'est nécessaire l'annonce des événements accrochant le public. Je parle non seulement pour nous, mais aussi pour tous ceux qui sont dans la même galère? Galère? C'est vrai qu'on rame souvent, mais sans chaînes aux pieds? Rien que des ailes, des ailes pour aller vers vous chers amis, sans qui nous ne sommes rien.

N.B. La subvention de la Cocof perçue par le Cabaret aux Chansons est de 3.099€ pour une moyenne de 85 spectacles, soit 36€ et des poussières par spectacle. La Sabam, par ses nouveaux tarifs, va nous en ponctionner au bas mot la moitié. Et vogue la galère?

Chronologiethème

Février 2011: l'éditorial de Suzanne Ferry

Quinze ans se sont écoulés entre la disparition de Jane Tony en 1981 et l'ouverture du cabaret aux chansons.

Nous fêterons au printemps de cette année les 15 ans du Cabaret, ouvert en 1996.

Cette double commémoration ne pouvait que nous titiller le cortex. Nous nous sommes dit que beaucoup aimeraient que l'on parle d'elle, tout simplement, illustrant ces souvenirs par nos chansons, celles que nous interprétions à l'époque, tremblants d'émotion et de trac.

Souvenir, souvenir…

Il nous reste en mémoire tant de noms: que nous voudrions revoir: Maurane (mais elle a sans doute d'autres priorités, tout comme Julos Beaucarne), Kim Stéphane, le plus ancien: il a connu Jane il y a plus de 50 ans, Philippe Anciaux (directeur du CC de Seraing), Irène de Neuville, Isabelle Rigaux, Claude Semal, Paul de Ré (qui est passé de la chanson à l'écriture), Philippe Dewé, Jean-Luc Debattice, l'humoriste Pierre Henry, Jean-Jacques Kira, j'en oublie, et combien, qu'ils ne m'en veuillent pas, ça va me revenir.

S'ils ont envie de chanter 2 ou 3 chansons de leur époque du Grenier, on les accueillera avec plaisir autour du verre de l'amitié. Il n'y aura pas de Marcel, pas de piano faux, mais un bon petit Yamaha, et pourquoi pas votre guitare (qu'elle soit d'époque ou non).

En accord avec d'autres «petits lieux», qui regrettent comme nous la disparition de «Mars en Chanson» et sa programmation riche en événements, nous avons particulièrement soigné la participation d'une «jeune chanson» en ce mois de mars.

Passy konksa…

Pour nous aider à maintenir la biodiversité, ainsi que pour aider au partage des richesses, un couple (canadien? suédois? mais quelle importance), un couple a décidé de vivre en toute économie de ses propres productions, en évitant soigneusement de recourir à l'accumulation des biens de consommation. Nous vous livrons leur merveilleuse devise: «Vivre simplement pour que d'autres puissent vivre, tout simplement.»

Le Grenier aux Chansons

Tant de chanteurs, de poètes, et de personnes ayant fréquenté le Grenier se souviennent de ce temps pas si lointain où j'ai entendu pour la première fois Maurane et son talent éclatant du haut de ses 15 ans, Isabelle Rigaux, Philippe Anciaux et tant d'autres… Aujourd'hui, il a suffi de quelques coups de fil et nous sommes dès à présent certains de pouvoir vous présenter une soirée pleine de souvenirs émouvants.

Mais qui donc était JANE TONY ?

Cette petite dame énergique, talentueuse et combien généreuse, laissa son empreinte parmi tout ce que notre petite Belgique compta de chanteurs pendant ces quelque 20 ans et aussi de public qui fréquentait ce lieu magique.

JANE avait à peine plus de trois ans lorsque, accompagnant sa mère à une représentation de Carmen, elle s'écria, «Je ferai du théâtre». Son père lui dit, «Dans ce cas, tu le feras bien». Elle eut donc des professeurs de danse, de diction, de piano, de solfège, d'équitation, parallèlement à son apprentissage scolaire. Elle avait six ans lorsqu'elle donna la réplique à Fernand GRAVEY, vedette de l'époque. Les théâtres étaient nombreux alors, il y avait l'Alhambra, le Vaudeville, l'Olympia, Le Grand Théâtre, les Galeries (déjà), le National (bien plus petit qu'aujourd'hui). Et puis ce furent les tournées dans le nord de la France et partout en Belgique.

Ensuite vint la grande aventure du cinéma qu'elle découvrit avec ravissement. Elle fit même de la danse acrobatique, m'a-t-elle confié un jour.

Durant la deuxième guerre, elle s'occupa activement d'un service de renseignements sous le couvert de la Croix-Rouge. Elle vécut intensément cette période, fut nommée Capitaine de réseau, faisant passer des enfants juifs aux frontières d'Espagne et de France. Elle adopta l'un d'eux après la guerre.

Suivit la découverte du théâtre aux armées et les tournées du service «Welfare».

Dans les années 50, elle collabora aux spectacles de chansonniers avec les prestigieux Marcel Antoine, Léo Campion, et Jean-Léo, ces trois phénomènes qui fondèrent le journal PAN.

Marcel Antoine meurt en 1959. Les amis et journalistes du "POULAILLER" suggèrent à JANE d'ouvrir elle-même un cabaret et ce fut le début du Grenier aux Chansons. Pendant plus de vingt ans se succèdent deux spectacles de Cabaret, les vendredis et samedis, l'école de la chanson le dimanche et les soirées poétiques des mercredis et jeudis, ces dernières sous la houlette d'Emile Kesteman.

À la disparition de JANE, le Grenier ferma définitivement ses portes. Seule la moitié de l'enseigne rue Marché aux Peaux témoigne encore de son existence, mais il reste dans nos cœurs, éveillant d'autres vocations.

Fin des années 70, Jane m'avait proposé de reprendre le flambeau, mais je m'en sentais bien incapable à l'époque… N'empêche, elle avait déposé le virus en moi. Michel avait déjà ouvert la soupape. Depuis, combien en avons-nous vu de ces petits lieux, sévissant quelque temps, puis fermant leur porte, la plupart pour une question de sous. Il en reste, fort heureusement, il s'en crée, et même s'il faut vraiment avoir la foi pour tenir la barre, nous nous sentons tous solidaires, pas du tout concurrents, chacun gardant sa spécificité.

Ô JANE, où que tu sois, je suis sûre que tu nous regardes encore de cet œil affectueux chaque fois qu'un nouvel auteur suscite une émotion dans le cœur du public. Nous sommes partagés entre la douce nostalgie du souvenir et l'enthousiasme d'aller de l'avant, d'encourager ces jeunes artistes à trouver le chemin qui les mène à la rencontre des autres et d'eux-mêmes, harmonieusement.

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